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Cet article a été publié pour la première fois dans L'Orchidophile n° 192 (septembre 2012).

Martin R. & Véla E., 2011.- Ophrys fuciflora (F.W. Schmidt) Moench subsp. souchei R. Martin et E. Véla subsp. nova, a name for the Ophrys «fuciflora tardif du Vaucluse ». 

Résumé.- En 1994, l’un des auteurs découvrait en Vaucluse, un taxon ripicole à floraison estivale de « l’agrégat Ophrys fuciflora ». Après plusieurs propositions de rattachement taxonomique qui se sont toutes avérées insatisfaisantes, le taxon a été correctement individualisé par Rémy Souche sous le nom informel de Ophrys «fuciflora tardif du Vaucluse » en 2004. La présente description vise à lui donner un nom valide en justifiant sa distinction de tous les taxons formellement décrits à ce jour.

Mots clés.- Orchidaceae ; Ophrys ; Ophrys section Fuciflorae ; Ophrys «fuciflora tardif du Vaucluse » ; « Ophrys du Roubion » ; Ophrys elatior ; Ophrys truncata ; flore de France ; flore de Provence.

Abstract.- In 1994, a late-flowering ripicolous taxon belonging to the « Ophrys fuciflora aggregate" was discovered by one of the authors in the département Vaucluse (south-eastern France). After several unsatisfactory taxonomical proposals, this taxon was correctly singled out by Rémy Souche in 2004 under the informal name of Ophrys «fuciflora tardif du Vaucluse » (« Late-flowering Ophrys fuciflora from Vaucluse »). The current description aims at giving it a valid name after justifying its originality from all other taxa formally described.

Key words.- Orchidaceae; Ophrys; Ophrys section Fuciflorae; Ophrys « fuciflora tardif du Vaucluse »; « Ophrys du Roubion »; Ophrys elatior; Ophrys truncata; flora of France; flora of Provence.

Présentation de la problématique taxinomique

Pendant plus de deux siècles, la section Fuciflorae Rchb. du genre Ophrys L. était traité en France de manière simplifiée, en considérant généralement deux taxons dont la variabilité réciproque était sujette à toutes les controverses. Chacun désignait en réalité deux formes extrêmes d’un vaste ensemble complexe composé de nombreuses entités locales (écotypes) pouvant être reliées par des formes intermédiaires, y compris dans la même population : Ophrys scolopax Cav., décrit d’Espagne (Albaida, Valencia) servait à désigner les formes méridionales à labelle fortement trilobé-convexe et à pétales élancés et Ophrys fuciflora (F.W. Schmidt) Moench, décrit de Suisse (Berne), servait à désigner les formes médio-européennes à labelle entier faiblement convexe et à pétales brièvement triangulaires. En Péninsule Ibérique et au Maghreb, les plantes de la mouvance d'O. scolopax croissent dans un contexte biogéographique où elles sont isolées des influences des plantes médio-européennes de la mouvance d'O. fuciflora, et réciproquement. De ce fait, dans beaucoup de Flores méditerranéennes (cf. Maire, 1960, Aedo & Herrero, 2005, etc.) ou au contraires médio-européennes (cf. Lauber & Wagner, 2000, Rothmaler et al., 2000, Harrap & Harrap, 2005, etc.) une seule espèce est présentée sans que cela ne pose de problèmes de délimitation. Tout au plus y a-t-on reconnu des variations infra-spécifiques pour désigner divers écotypes à phénologie et/ou morphométrie déviantes par rapport au type tels, par exemple, les Ophrys scolopax subsp. apiformis (Desf.) Maire & Weiller (= O. picta Link ; = O. sphegifera Willd.) et Ophrys fuciflora subsp. elatior (H.F. Paulus) Engel & Quentin [= Ophrys holoserica (N.L. Burman) Greuter subsp. elatior (H.F. Paulus) H. Baumann & Künkele]. En France, la situation est beaucoup plus complexe et les points de vues taxonomiques retenus dans les Flores, y compris anciennes, sont fluctuants et paraissent alors des plus confus. Pendant longtemps, ces variations étaient décrites au rang de forme ou de variété, essentiellement combinés sous O. fuciflora ou ses synonymes les plus usuels [O. arachnites (Scop.) Reichard et O. holoserica]. D’aucuns ont même proposé de réunir les deux taxons pourtant extrêmes, O. fuciflora (ou son synonyme O. holoserica) et O. scolopax en deux entités subspécifiques d’une même espèce (cf. Sundermann, 1975 et 1980) ou bien de rassembler toutes les variations infraspécifiques allant de scolopax à fuciflora dans une même sous-espèce d’un très vaste O. insectifera L. dans un sens quasi-linnéen : O. insectifera subsp. arachnites (Scop.) Moggr. & Rchb. f. (Moggridge, 1869). Cette situation, qui n’est pas unique (cf. aussi celle existant chez les taxons des Balkans et de la Méditerranée orientale), est le résultat d’une rencontre biogéographique entre deux ensembles distincts mais dont les barrières de reproduction ne sont visiblement pas toujours efficace, comme c’est d’ailleurs le cas de la majorité des Ophrys en situation de sympatrie voire de parapatrie. À partir des années 1990, en France et ailleurs en Europe méditerranéenne, la variabilité phénotypique, phénologique et écologique de divers ensembles de populations appartenant à la section Fuciflorae fut reconnue à un rang formel élevé, ce qui a conduit à la description de nombreuses espèces ou sous-espèces, ainsi que le rétablissement progressif et parfois à la hâte de la plupart des taxons anciens décrits au 19e siècle. Parmi les descriptions récentes en France, on citera, dans l’ordre chronologique :


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Cet article a été initialement publié dans le numéro Hors-série de L'Orchidophile consacré aux sabots de Venus, ou Cypripedioideae. Vous pouvez vous procurer cet ouvrage sur de la boutique de la SFO. Des photos qui n'avaient pas pu être publiées dans la version papier sont ajoutées ici spécialement pour nos abonnés.

Résumé.- Récit de plusieurs voyages en Chine et au Japon au cours desquels l’auteur a pu découvrir plusieurs espèces de Cypripedium dans la nature ou dans des jardins. Les conditions naturelles de l’habitat et la localisation géographique sont également exposées.

Mots-clés.- Cypripedium, Chine, Japon

Abstract.- The author relates various botanical trips to China and Japan, during which he encountered several species of Cypripedium growing in the wild or cultivated outdoor. Natural habitat and geographic localisations are also exposed in this paper.

Keywords.- Cypripedium, China, Japan.

Que l’on soit amateur de plantes en général et plus particulièrement d’orchidées, on a tous rêvé, un jour, de voir Cypripedium calceolus dans nos montagnes. Ayant habité longtemps dans la région lyonnaise, il nous était facile de nous rendre dans le Vercors à la saison de sa floraison. Il n’est pas si facile à dénicher, mais quelle joie de trouver des plants en fleurs.

Découverte des flores chinoise et tibétaine

Je me plais toujours à raconter l’histoire de notre premier voyage en Chine, il y a maintenant plus de 12 ans. Ce fut pour nous une véritable découverte. Notre première randonnée se fit dans les montagnes Yulong, au nord de Lijiang, dans le Yunnan, au mois de juin 1999. Une très belle région, avec des montagnes escarpées couvertes de forêts de feuillus et résineux abritant une flore arbustive et herbacée d’une extrême richesse. Avant d’accéder à de plus hautes altitudes, en partant de plateaux déjà élevés et couverts d’incarvillées roses, il faut traverser des forêts de pins. Ces sous-bois ne sont pas aussi riches que leur équivalent japonais de cryptomérias, cependant, un nombre important de petites plantes y trouvent leur bonheur, à commencer par les orchidées des genres Cypripedium et Pleione. Imaginez, que dans cette forêt, nous avons pu voir cinq espèces différentes de Cypripedium rien que dans la matinée ! Un vrai choc !


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Cet article a été initialement publié dans L'Orchidophile n°194 (septembre 2012).

Résumé.- Présentation, description et illustration de l’espèce américaine Sarcoglottis acaulis.

Mots clés.- Orchidaceae ; orchidées ; Sarcoglottis ; Sarcoglottis acaulis.

Abstract.- Présentation, description et illustration of the american orchid species Sarcoglottis acaulis.

Key words.- Orchidaceae; Orchids; Sarcoglottis; Sarcoglottis acaulis.

Il y a un peu plus de deux ans, dans le numéro 184 de L’Orchidophile de mars 2010, le professeur Raynal-Roques nous conviait à une visite guidée au sein de la fleur de l’orchis bouc, l’Himantoglossum hircinum des botanistes, une orchidée très commune en France. À l’aide d’illustrations magnifiques et époustouflantes de précision, dessinées par elle-même, nous avons pu pénétrer au cœur même de la fleur et en comprendre l’extraordinaire organisation, toute tendue vers le but ultime de la reproduction… C’est à un autre voyage que nous convie aujourd’hui A. Raynal-Roques : la visite commentée et illustrée d’un Sarcoglottis, une orchidée tropicale… Suivez le guide !

Une introduction au voyage…

Ami, accompagne-moi dans la grande forêt sud-américaine ; tu avances, enseveli dans l’ombre verte, ininterrompue, bruissante de multiples vies invisibles ; tu gravis une colline basse, aux pentes raides ; chaleur, moiteur, transpiration. Tu évites les basses branches, les lianes, les racines et les épines acérées des palmiers du sous-bois ; tes pieds s’enfoncent dans la litière de feuilles mortes, brune et humide. Très peu de fleurs, ici, au niveau du sol : elles sont dans la canopée, au-dessus, fleurs d’arbres, de lianes et d’épiphytes ; fleurs qui s’épanouissent là-haut, où volètent les grands aras, où parvient parfois un rayon de soleil. Toi, Ami, qui connais bien les orchidées d’Europe, tu restes interdit : dans ce milieu où les orchidées sont pour la plupart épiphytes, accrochées aux hautes frondaisons, tu découvres une orchidée terrestre. Serait-ce un Spiranthes ? Non : les fleurs ne sont pas disposées en hélice ; serait-ce un Goodyera ? Mais un Goodyera qui dépasserait les 60 cm de hauteur et arborerait un épi de grandes fleurs vertes ? Tu as, Ami, rencontré un sceptre vert jaillissant de feuilles décorées : Sarcoglottis acaulis, espèce des forêts très humides de basse altitude, entre 500 et 1 000 m ; sa répartition est large, de l’Amérique centrale au Brésil. Le binôme désignant cette plante nous renseigne sur son aspect : « sarco », charnu, « glottis », langue (une allusion au labelle épais et charnu) et « acaulis », sans tige (les grandes feuilles sont groupées en une rosette au ras du sol). Les feuilles de la rosette (Fig. 1-A), elliptiques et aiguës au sommet, atténuées en pétiole à leur base, sont vert intense et maculées de blanc ; elles atteignent une trentaine de centimètres de longueur. La haute tige florifère, droite et raide, porte des feuilles réduites à des gaines terminées par une petite pointe (Fig. 1-B). Au sommet de la tige, les fleurs vert cru, dressées les unes contre les autres, forment un épi dense (Fig. 2). De grosses racines charnues, poilues, s’étalent en rayonnant dans les feuilles mortes (Fig. 1-C).


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Cet article a été publié dans le numéro hors-série de L'Orchidophile consacré aux Sabots de Vénus, ou Cypripedioideae. Ce numéro exceptionnel sur cette orchidée est disponible auprès de la librairie de la FFO.

Résumé.- Au sein du genre Paphiopedilum, un groupe d’espèces, proches de Paphiopedilum callosum est problématique à la fois pour les taxonomistes et les amateurs. Toutes ces espèces ont des limites mal définies et sont très difficiles à déterminer avec certitude. L’auteur propose ici sa vision des limites des différents taxons en présentant ses arguments en faveur de ces opinions. L’importance de ce groupe d’espèces dans les programmes d’hybridation justifie l’intérêt fort qui leur est porté et la nécessité d’éclaircir l’organisation du complexe.

Abstract.- Within the genus Paphiopedilum is a very particular group of species that are hardly determined around Paph. callosum. This group is problematic both for professional and amateur growers. Species limits are highly variable. The author, which is a Paphiopedilum specialist and a taxonomist, propose his vision of what the species limits should be. This group is of dramatic influence is breeding programs, which emphasises the need for enlighting taxonomy within this complex.

De tous les sabots de Vénus tropicaux, le genre Paphiopedilum joue le rôle le plus important dans la culture d’orchidées, mais aussi dans l’horticulture en général. Chez les fleuristes, on retrouve habituellement des hybrides, en particulier de type ‘complexe’, avec de grandes fleurs très arrondies et les hybrides de type Maudiae, aux fleurs plus élégantes et portées par de longues tiges florales. Une espèce a eu un impact majeur sur les hybrides de type Maudiae, il s’agit de Paphiopedilum callosum. C’est l’un des parents du Paphiopedilum Maudiae original, résultant du croisement entre Paph. callosum et Paph. lawrenceanum, obtenu et enregistré par la firme anglaise Charlesworth & Co en 1900. Ce croisement original a été réalisé avec les formes blanches des deux parents, donnant un hybride albinos également, avec un sépale dorsal blanc rayé de vert et un sabot vert brillant. Cette forme blanche et verte est toujours très répandue aujourd’hui. En 1906, des formes colorées de Paph. Maudiae on été créées en utilisant les formes normales des deux parents. Ces hybrides sont aujourd’hui connus sous le nom de Paph. Maudiae forme coloratum.


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Les Orchidées françaises ont, pour la plupart, une aire de répartition très large, couvrant de grandes parties de l'Europe, d'Asie tempérée et de la région méditerranéenne. On pourrait donc penser que toutes ces espèces à large répartition ne nous apprennent rien ou presque rien sur les conditions propres à une région donnée, puisqu'elles sont adaptées à un ensemble de conditions qui s'étendent sur un grand groupe de régions. En fait les différentes espèces se trouvent souvent dans des situations écologiques différentes. La combinaison de la présence de certaines espèces à l'absence d'autres caractérise des milieux particuliers. Plus généralement la richesse d'une région en Orchidées traduit une forte variation écologique.

Biogéographie

L'inventaire systématique des Orchidées sur les Causses et en Cévennes s'établit aux environs de quarante cinq espèces, soit plus de la moitié des Orchidées françaises. A titre de comparaison on peut indiquer que la flore phanérogamique de cette région compte un tiers des espèces de la flore française. L'abondance spécifique en Orchidées est donc assez remarquable.

Ces espèces peuvent être groupées en fonction de leur appartenance à des éléments floristiques :

  • Circumboréal : Corallorhiza innata, Coeloglossum viride ...
  • Eurasiatique : Gymnadenia conopsea, Listera ovata (qui est plus précisément eurosibérienne) ...
  • Centreuropéen : Ophrys insectifera, Epipactis atrorubens ...
  • Alpin : Dactylorhiza traunsteineri
  • Subméditerranéen : Himantoglossum hircinum ...
  • Méditerranéen-atlantique : Serapias lingua, Orchis laxiflora ...
  • Ouest-méditerranéen : Ophrys scolopax (s. str.)
  • Circumméditerranéen : Orchis provincialis, Ophrys lutea ...

Enfin certaines espèces appartiennent en même temps aux éléments méditerranéen et européens : Ophrys apifera, Cephalanthera rubra, Orchis morio, Aceras anthropophora, Anacamptis pyramidalis, Spiranthes spiralis...
Il n'est pas étonnant de constater que les éléments méditerranéens trouvent dans notre région leur limite septentrionale, les éléments « nordiques » leur limite méridionale. Cependant les Orchidées qui ne sont pas en limite d'aire biogéographique ne se trouvent pas toutes ensemble : leurs exigences vis-à-vis du sol, de l'éclairement ou d'autres facteurs écologiques sont évidemment pas les mêmes.


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