Dans l’intimité d’une fleur (Sarcoglottis acaulis)

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David Lafarge
Fig. 12- Sarcoglottis acaulis, en culture au Jardin du Luxembourg (Photo P. Sauvêtre)

Cet article a été initialement publié dans L'Orchidophile n°194 (septembre 2012).

Résumé.- Présentation, description et illustration de l’espèce américaine Sarcoglottis acaulis.

Mots clés.- Orchidaceae ; orchidées ; Sarcoglottis ; Sarcoglottis acaulis.

Abstract.- Présentation, description et illustration of the american orchid species Sarcoglottis acaulis.

Key words.- Orchidaceae; Orchids; Sarcoglottis; Sarcoglottis acaulis.

Il y a un peu plus de deux ans, dans le numéro 184 de L’Orchidophile de mars 2010, le professeur Raynal-Roques nous conviait à une visite guidée au sein de la fleur de l’orchis bouc, l’Himantoglossum hircinum des botanistes, une orchidée très commune en France. À l’aide d’illustrations magnifiques et époustouflantes de précision, dessinées par elle-même, nous avons pu pénétrer au cœur même de la fleur et en comprendre l’extraordinaire organisation, toute tendue vers le but ultime de la reproduction… C’est à un autre voyage que nous convie aujourd’hui A. Raynal-Roques : la visite commentée et illustrée d’un Sarcoglottis, une orchidée tropicale… Suivez le guide !

Une introduction au voyage…

Ami, accompagne-moi dans la grande forêt sud-américaine ; tu avances, enseveli dans l’ombre verte, ininterrompue, bruissante de multiples vies invisibles ; tu gravis une colline basse, aux pentes raides ; chaleur, moiteur, transpiration. Tu évites les basses branches, les lianes, les racines et les épines acérées des palmiers du sous-bois ; tes pieds s’enfoncent dans la litière de feuilles mortes, brune et humide. Très peu de fleurs, ici, au niveau du sol : elles sont dans la canopée, au-dessus, fleurs d’arbres, de lianes et d’épiphytes ; fleurs qui s’épanouissent là-haut, où volètent les grands aras, où parvient parfois un rayon de soleil. Toi, Ami, qui connais bien les orchidées d’Europe, tu restes interdit : dans ce milieu où les orchidées sont pour la plupart épiphytes, accrochées aux hautes frondaisons, tu découvres une orchidée terrestre. Serait-ce un Spiranthes ? Non : les fleurs ne sont pas disposées en hélice ; serait-ce un Goodyera ? Mais un Goodyera qui dépasserait les 60 cm de hauteur et arborerait un épi de grandes fleurs vertes ? Tu as, Ami, rencontré un sceptre vert jaillissant de feuilles décorées : Sarcoglottis acaulis, espèce des forêts très humides de basse altitude, entre 500 et 1 000 m ; sa répartition est large, de l’Amérique centrale au Brésil. Le binôme désignant cette plante nous renseigne sur son aspect : « sarco », charnu, « glottis », langue (une allusion au labelle épais et charnu) et « acaulis », sans tige (les grandes feuilles sont groupées en une rosette au ras du sol). Les feuilles de la rosette (Fig. 1-A), elliptiques et aiguës au sommet, atténuées en pétiole à leur base, sont vert intense et maculées de blanc ; elles atteignent une trentaine de centimètres de longueur. La haute tige florifère, droite et raide, porte des feuilles réduites à des gaines terminées par une petite pointe (Fig. 1-B). Au sommet de la tige, les fleurs vert cru, dressées les unes contre les autres, forment un épi dense (Fig. 2). De grosses racines charnues, poilues, s’étalent en rayonnant dans les feuilles mortes (Fig. 1-C).


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